Tribune de Alain Kiaka
La sortie médiatique de Paul Kagame, couverte d’attaques directes envers la RDC et son dirigeant, ne cache plus l’option belliqueuse levée par Kigali, affaibli par les accords de Washington, s’alignant clairement au-delà de l’accord de paix signé à Washington, sur une stratégie de la terre brûlée.
Lors de son point de presse du 4 juillet, Paul Kagame a dénoncé, comme par le passé, le non-respect des engagements par la RDC, menaçant de maintenir intactes ses mesures de défense si la question des « FDLR » n’était pas réglée.
« FDLR » : ce serpent de mer dont tout le monde parle, mais que personne ne sait ni voir ni localiser. Un élément de langage qui permet à Kigali d’attaquer la RDC sur plusieurs fronts : militaire, diplomatique et désormais informationnel, avec plusieurs plateformes de manipulation mises en ligne.
Un rapport explosif de l’Université de Clemson avait révélé, l’année dernière, l’utilisation massive de l’intelligence artificielle par le gouvernement de Paul Kagame, pour redorer sa perception publique sur le réseau social X (anciennement Twitter), mais aussi pour motiver la guerre hybride visant à occuper la RDC.
Des photos et vidéos trafiquées, combinant technologies d’intelligence artificielle avec des retouches manuelles, des rapports économiques et sécuritaires bidons sont régulièrement et largement diffusés par le régime de Kigali pour influencer l’opinion.
Plus aucun doute : face aux vérités qui sortent des cadavres enfouis du régime de Kigali, la machine à illusion qui servait à séduire et endormir l’opinion sur la situation réelle du Rwanda et les raisons de sa présence en RDC , commence à avoir du plomb dans l’aile.
464 comptes X et plusieurs millions de dollars américains sont mobilisés pour manipuler le monde. Une illusion de développement et une victimisation que l’offensive diplomatique de Kinshasa tombe les masques.
Les experts onusiens ont dénoncé, dans un rapport, la présence militaire de Kigali en RDC et son contrôle sur les opérations du M23, dans un objectif de conquête territoriale.
Un rapport que Kigali qualifie de « narratif qui nuit à la résolution du problème », alors même qu’il l’accuse de soutenir le M23 et de s’emparer des ressources minières de l’Est de la RDC.
Le revers diplomatique subi par le Rwanda face à la RDC a imposé à Paul Kagame l’activation de son volet « guerre informationnelle », pour justifier par anticipation son non-respect de l’accord de Washington.
La guerre informationnelle répond à une logique de guerre hybride, où l’action sur la perception est au cœur de la guerre. Elle change l’échelle de l’affrontement, qui n’est plus qu’une question des forces armées, mais des appareils de management de la perception.
Zone de non-droit pour certains, sans limite de temps, le cyberespace reste le terrain par excellence de la guerre informationnelle que le Rwanda livre à la RDC.
En pleine période de signature des accords de Washington, le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, avait dénoncé la transplantation de populations à l’Est de la RDC par le Rwanda.
Mis à nu diplomatiquement, obligé de stopper son implication militaire à l’Est pour respecter l’accord de Donald Trump, par ses dernières sorties médiatiques, Paul Kagame semble avoir réactivé la guerre de l’information pour justifier la mutation de sa stratégie : passer de l’annexion des Kivus à celle de l’autodétermination des peuples, par la transplantation.
Kinshasa doit ouvrir l’œil, le bon