
Le 8 août 2025, Tina Salama, porte-parole de la présidence de la République démocratique du Congo, a rendu publique la composition complète du gouvernement Suminwa II, marquant une nouvelle étape dans la gouvernance du pays. Ce remaniement ministériel intervient dans un contexte national et régional exigeant, caractérisé par de nombreux défis sécuritaires, économiques et sociaux.
Contexte politique et économique
Depuis son arrivée au pouvoir, le président Félix Antoine Tshisekedi a mis l’accent sur la consolidation de la paix, la relance économique et l’amélioration des conditions de vie des Congolais. La RDC fait face à des problématiques persistantes, notamment les conflits armés dans l’Est du pays, la faiblesse des infrastructures, les difficultés dans l’accès aux services sociaux essentiels et la nécessité de réformes structurelles profondes.
La première équipe gouvernementale conduite par la Première ministre Judith Suminwa a amorcé des réformes notables, notamment dans la gestion budgétaire, la diversification économique et la mise en œuvre des politiques sociales. Le remaniement gouvernemental annoncé vise à conjuguer la continuité de ces efforts avec l’intégration de nouvelles compétences pour répondre aux attentes grandissantes de la population.
Une équipe de 53 membres, entre stabilité et innovation
Le gouvernement Suminwa II est composé de 53 membres : six vice-Premiers ministres, douze ministres d’État, vingt-quatre ministres, cinq ministres délégués et six vice-ministres. Cette configuration reflète la volonté d’assurer la stabilité politique en reconduisant plus de 60 % des membres précédents tout en insufflant du renouveau grâce à l’arrivée de nouvelles figures issues de la société civile, du monde religieux et de l’opposition politique.



L’intégration de personnalités diverses illustre un effort d’inclusivité, visant à renforcer la légitimité du gouvernement et à mieux représenter les différentes composantes de la société congolaise.
Enjeux majeurs des ministères clés
Le Budget : un portefeuille stratégique confié à Adolphe Muzito. L’ex-Premier ministre Adolphe Muzito fait son retour au gouvernement en tant que vice-Premier ministre chargé du Budget. Fort de son expérience, notamment de son passage à la tête du gouvernement Gizenga (2008-2012) et de son mandat précédent au Budget, il est attendu pour redresser les finances publiques dans un contexte marqué par la rareté des ressources et la nécessité d’optimiser les dépenses.

La rigueur budgétaire, la transparence dans la gestion des fonds publics et l’intensification de la mobilisation des recettes fiscales seront des axes prioritaires pour ce portefeuille crucial.
Affaires foncières : O´Neige N’Sele à un poste clé
Le ministère des Affaires foncières, confié à O’Neige N’Sele, anciennement vice-ministre des Finances, joue un rôle central dans la régulation de la propriété foncière et la lutte contre l’insécurité liée à la terre. En RDC, les conflits fonciers sont une source importante de tensions sociales, urbaines et rurales.

Sa mission consistera à accélérer la formalisation des titres fonciers, améliorer la transparence dans la gestion des terres et faciliter l’accès sécurisé à la propriété, éléments essentiels pour le développement urbain et rural.
Jeunesse : Grâce Kutino, pasteure engagée
Grâce Kutino, nouvelle ministre de la Jeunesse, est une figure reconnue dans le milieu religieux et associatif. Sa nomination à 25 ans s’inscrit dans une démarche d’inclusion de la société civile et témoigne d’une prise en compte particulière des aspirations des jeunes, qui représentent une majorité significative de la population congolaise.

Elle devra travailler à la mise en œuvre de politiques dynamiques pour l’emploi, la formation et la participation citoyenne des jeunes dans la vie politique et économique.
Autres ministères sensibles
• La reconduction de Thérèse Wagner aux Affaires étrangères, avec l’ajout de la diaspora à son périmètre, marque la volonté de consolider la diplomatie congolaise.
• Le ministère de l’Industrie reste sous la responsabilité d’Aimé Boji, qui aura pour défi la relance industrielle dans un environnement concurrentiel et instable.
• Le ministère de la Justice est confié à Guillaume Ngefa Atongoko, un juriste engagé dans la défense des droits humains.
Défis et attentes
Le gouvernement Suminwa II hérite d’une feuille de route exigeante, centrée sur la poursuite du Programme d’actions du gouvernement, avec un focus sur la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, la relance économique et la cohésion sociale. La société civile et les partenaires internationaux suivent de près les résultats concrets à venir, notamment en termes de transparence, d’efficacité des services publics et d’amélioration des conditions de vie.
Le climat sécuritaire reste un sujet de préoccupation majeure, tout comme la gestion des ressources naturelles et l’inclusion sociale. Les ministres devront agir de concert pour relever ces défis multidimensionnels.
Liste complète du gouvernement Suminwa II
Vice-Premiers ministres
• Jacquemin Shabani (Intérieur, Sécurité, Décennie et Affaires coutumières)
• Jean-Pierre Bemba (Transports, Voies de communication et Désenclavement)
• Guy Kabongo (Défense nationale)
• Mukoko Samba (Économie nationale)
• Adolphe Muzito (Budget)
• Jean-Pierre Lihau (Fonction publique)
Ministres d’État
• Guylain Nyembo (Plan et Coordination)
• Thérèse Wagner (Affaires étrangères)
• Muhindo Nzangi (Agriculture)
• Aimé Boji Sangara (Industrie)
• Ève Bazaiba (Affaires sociales)
• Guillaume Ngefa Atongoko (Justice)
• Acacia Bandubola (Hydrocarbures)
• Raïssa Malu (Éducation nationale)
• Marc Ekila (Formation professionnelle)
• Alexis Gisaro (Urbanisme et Habitat)
• Grégoire Mutsail (Développement rural)
• Guy Loando (Relations avec le Parlement)
Ministres
• Doudou Fwamba (Finances)
• Samuel Roger Kamba (Santé)
• Julien Paluku (Commerce extérieur)
• Marie Nyange Ngambo (Environnement)
• John Banza Lunda (Infrastructures)
• Marie-Thérèse Sombo (Enseignement supérieur)
• Ferdinand Massamba (Emploi et Travail)
• José Panda (PTNTIC)
• Augustin Kibassa (Économie numérique)
• Louis Kabamba Watum (Mines)
• Molendo Sakombi (Ressources hydrauliques)
• Patrick Muyaya (Communication)
• Justin Kalumba (Entrepreneuriat)
• Jean Lucien Bussa (Aménagement du territoire)
• Didier Mazenga (Tourisme)
• Jean-Pierre Tshimanga (Pêche et Élevage)
• Yolande Elebe (Culture)
• Samuel Mbemba (Droits humains)
• Floribert Anzuluni (Intégration régionale)
• Óneige N’Sele (Affaires foncières)
• Didier Budimbu (Sports et Loisirs)
• Julie Mbuyi Shiku (Portefeuille)
• Micheline Ombaye (Genre et Famille)
• Grâce Kutino (Jeunesse)
Ministres délégués
• Crispin Bandu (Affaires étrangères, Francophonie et diaspora)
• Arlette Bahati (Environnement, Nouvelle économie)
• Angèle Bangasa (Urbanisme, Politique de la ville)
• Irène Essambo (Affaires sociales, Personnes vivant avec handicap)
• Eliezer Ntambwe (Défense)
Vice-ministres
• Élysée Bokumwana (Budget)
• Eugénie Tshela (Intérieur)
• Noëlla Ayeganagato (Affaires étrangères)
• Gracia Yamba Kazadi (Finances)
• Théodore Kazadi Muayila (Éducation nationale)
• Mwami Ndeze (Affaires coutumières)
Michael Ibuti
