La scène politique congolaise vient encore d’être secouée par un affrontement inédit entre deux piliers de l’appareil judiciaire : le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, et le ministre de la Justice, Constant Mutamba. Le premier menace de poursuites judiciaires contre le second, tandis que ce dernier envisage des actions en justice contre le procureur pour enrichissement illicite présumé. Ce bras de fer met en lumière les profondes tensions qui minent le système judiciaire de la République démocratique du Congo (RDC).
Lors des États généraux de la justice, Firmin Mvonde a dénoncé l’ingérence du ministre de la Justice dans les affaires judiciaires, appelant à une séparation claire des pouvoirs pour préserver l’indépendance du parquet. De son côté, Constant Mutamba a pointé du doigt les dysfonctionnements du système judiciaire, attribuant ses maux à un manque de volonté politique et à des pratiques mafieuses enracinées. Cette confrontation révèle une crise profonde de gouvernance et d’éthique au sein de l’appareil judiciaire congolais. Les tensions entre les magistrats et le ministère de la Justice illustrent une instrumentalisation de la justice à des fins politiques, où les institutions censées garantir l’équité deviennent des outils de règlement de comptes.
Cette situation soulève des questions fondamentales sur l’indépendance et l’intégrité de la justice en RDC. Le premier président de la Cour de cassation, Elie Léon Ndomba, a dénoncé le trafic d’influence et l’interférence des dignitaires du pouvoir dans l’administration de la justice, soulignant que certains magistrats rendent des décisions contraires à la loi sous pression politique.
La corruption est également un fléau majeur. Selon une étude du Centre de Recherche sur l’Anti-Corruption, la justice congolaise est gangrenée par des pratiques telles que la monétisation des décisions judiciaires, rendant l’accès à la justice difficile pour les plus démunis. Cette perception d’une « justice des riches » est renforcée par le sentiment que chaque interaction avec le système judiciaire nécessite un pot-de-vin.
Les conséquences de ces dysfonctionnements sont graves. Ils alimentent la méfiance envers les institutions, encouragent la rébellion et facilitent le détournement des fonds publics. Lorsque les fondements de la justice sont ébranlés, la société tout entière en pâtit.
Un scénario digne d’un sketch : le Procureur qui menace de clouer le ministre de la justice par une condamnation judiciaire, et ce dernier menace de le poursuivre pour un enrichissement suspect non conforme à un fonctionnaire.
Qu’est devenue notre justice pour offrir ce genre de spectacle ? Un bouclier ou une arme de destruction ? Ceci pose effectivement un problème de crédibilité dans notre système judiciaire.
En effet, le problème de notre pays est avant tout sa justice et nous pouvons nous en rendre compte. Si certains compatriotes sont poussés aujourd’hui à la rébellion, et si des acteurs politiques ont la facilité de détourner les fonds publics, c’est à cause de la tragédie qui sévit dans l’appareil judiciaire de notre pays.
Là où les acteurs de la justice pouvaient aider les autorités politiques à éviter certains derives et excès du pouvoir, ils sont devenus plus cupides que les politiques en trafiquant la vérité de justice au moyen des articles cousus et interprétés sans logique et sans une base éthique, ils participent mieux que les auteurs aux forfaits et dans certains cas ils orchestrent eux mêmes des forfaits au détriment des innocents. Par des manipulations abusives de la loi, ils s’octroient le privilège et le monopole de l’action judiciaire au détriment de la société toute entière, allant jusqu’à instrumentaliser les forces de l’ordre pour l’exécution de leurs arrêts iniques.
L’absence de la justice dans notre pays est due au » juridisme étroit » qui semble se hisser à tort au dessus de la gouvernance. Cette tendance s’est polarisée dans toute la société au point que toutes les administrations publiques sont soumises strictement à un juridisme ambiant qui bloque toute possibilité de progrès. Alors que certains services ou entreprises de l’État, comme DGDA, DGI, DGRAD, regideso, snel, OCC, …, devraient être conduits en recherchant l’optimum dans leur rendement, on assiste plutôt à une gouvernance fortement marquée par un juridisme drastique. Notre efficacité et notre prospérité sont donc sacrifiées à l’autel d’un » juridisme » banal et téméraire.
